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Ecran noir ? Samuel ! La page ne peut pas rester blanche aujourd'hui.

Publié le par Marie-France DESCHODT

Après un blanc... essayons.

Un petit garçon a vu dans la rue.

Ne regarde pas ça !

Sur ça, je n’ai rien lu !

Ne dis rien, petit,

Oublie.

Vas voir le maître, la maîtresse.

Va lire, compter, parler.

Tu vas découper, colorier, 

La tristesse .

Regarde ton école,

Elle te protège.

Multiples couleurs,

Tous ces dessins

Dans le couloir,

Bleu, jaune, vert.

Non ! Pas rouge... pas noir.

Il est au dehors le noir,

Devant la porte de l’école.

Il ne rentrera pas.

La maîtresse l’a dit. 

Les mots sont forts.

Il faut s’en servir.

Maman... noir c’est trop noir !

Les armes, c’est nul.

La phrase, les mots,

C’est de l’or.

Maman, habille-toi en soleil d’or.

J’ai des mots.

Je vais te lire le soleil d’or.

J’ai plein de mots,

Des mots de là-bas, des mots d’ici.

Je suis le plus fort.

C’est le maître... la maîtresse qui l’ont dit.

 

Une prof. Ma prof. Mon prof. Mon instit. Ma maîtresse. Mon maître.

Mon maître avec sa blouse grise est passé dans les rangs et nous a dit au revoir... il partait à la guerre. Il nous a dit de bien travailler pendant son absence, qu'il reviendrait, qu'il nous laissait les mots... Aujourd'hui je lis "Chantiers" de Marie-Hélène Lafon. Il faudrait recopier le livre mais ces quelques mots en disent long :

"La grammaire commence avec le déchiffrement du monde, à l'école primaire; elle met de l'ordre et donne forme, elle rassure, elle fait barrage contre la menace, toutes les menaces..."

Avec nos cartables, nous avons passé la porte de l'école, du collège, du lycée, de l'université et laissé derrière nous les turbulences du monde. Quand les cartables repassaient la porte, on se sentait plus forts, on avait d'autres horizons, on avait d'autres rêves. Notre petite vie d'enfant devenait plus grande, on vivait d'autres vies.

Quand j'ai passé les grilles de l'Université Paul Valéry je n'étais pas seule, j'étais avec mon instit M. Ruiz. C'est un fils d'immigrés espagnols qui avaient fui la guerre d'Espagne, qui m'a tout appris.

Je ne suis pas Camus mais lui aussi, ce grand bonhomme, Prix Nobel, s'est tourné vers son instit.

Nos parents, des petits paysans, nos maîtres, étaient fiers de nous, même du petit qui avait fait 10 fautes à la dictée... Ils savaient qu'on avait appris de toute façon... appris à vivre car tous nous amenaient vers nos rêves. Ils  ne se réalisaient pas ? Peu importe ! On avait des armes pour en réaliser d'autres.

Une tête vient de tomber.

Je n'ai plus de rêves.

"Mon ami, mon collègue que je ne connaissais pas,

Nous n'avons plus de rêves."

Il y a bien longtemps, on nous a laissé tomber.

Il y eut d'abord des vaguelettes qui ont fait des grosses vagues.

Mais on s'est tu.

On ne rapportait rien.

On avait trop de vacances.

Qu'on se contente donc de les garder, ces petits !!

Et pas trop d'autorité s'il vous plaît,

ça pourrait les traumatiser !

 

A terre

Nous sommes à terre.

Mais vous qui entrez dans une classe,

Tout seul, toute seule,

Devant 28 bouts de chou,

Devant 35 Terminales

Vous avez les mots.

 Donnez-les.

Continuez,

Faites votre travail.

Comme lui.